Entrer au Café Greco aujourd'hui, pour un espresso au comptoir ou un macchiato accompagné d'une pâtisserie dans l'un de ses petits salons, c'est entreprendre un voyage gustatif, historique et artistique. C'est que l'Antico Caffè Greco, à proximité de la piazza di Spagna, est à Rome l'équivalent du Procope à Paris, du Florian à Venise : une institution.
La première référence à l'établissement, tenu par un certain « Nicola di Maddalena, levantin », date de 1761, à moins que Casanova n'y fasse déjà allusion dans ses Mémoires concernant l'année 1742. Dès l'époque préromantique, le café devient une étape obligée du Grand Tour, et son succès ne cesse de croître au 19e siècle : c'est un lieu de rendez-vous cosmopolite, fréquenté par les cercles intellectuels et artistiques les plus brillants. Goethe, Ingres, Stendhal, la trinité poétique d'Albion Byron, Shelley, Keats, les Goncourt, Wagner, D'Annunzio... y sont en leur temps des habitués.
Inchangés depuis 1869, les murs tendus d'écarlate, de crème ou d'amande, les stucs, les guéridons de marbre, les sièges de velours cramoisi ont valu à l'établissement d'être déclaré monument historique en 1953. Quant aux œuvres qui ornent les lieux – paysages, portraits, miniatures, sculptures... collectionnés par les Gubinelli, propriétaires depuis 1873 –, elles témoignent du talent de ceux qui nous y ont précédés, et apportent au Café Greco son émouvant supplément d'âme...
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