Aux environs de 320 un nouvel et puissant empire, celui des Gupta, se crée dans le bassin oriental du Gange. Il unifie tout le nord de l’Inde, du Punjab au Bengale mais ne possède pas une administration aussi fortement centralisée que l’empire Maurya. Vers 450 débutent les raids des Huns. Leur pénétration au Penjab déclenche une situation d’anarchie. Les Gupta sont aidés par la dynastie Vardhamana, menée par le souverain Harsha. Ce dernier va tenter une ultime unification du pays. Personnalité imposante, administrateur et guerrier, Harsha nous a aussi laissé une œuvre de poète et d’auteur dramatique qui contribua à la propagation de l’idéologie bouddhiste. L’empereur favorisa à la fois le bouddhisme et l’hindouisme, soucieux avant tout d’établir un climat d’érudition et de culture. A sa mort, en 647, l’Inde est à nouveau compartimentée. Plusieurs facteurs ont contribué à conférer à l’époque Gupta une aura particulière dans l’histoire indienne. C’est une période d’unité politique, marquée par cinq règnes longs et successifs. Certains souverains sont des conquérants, d’autres ont des règnes plus paisibles. Des inscriptions sur les monuments témoignent de l’esprit de tolérance religieuse des empereurs hindous qui patronnent également des sites bouddhiques. Dans ses récits, le voyageur bouddhiste chinois Fa Hsien ne manque pas de mentionner la coexistence pacifique de bouddhistes et brahmanes. L’atmosphère est propice à la création dans le domaine des arts.

a. La sculpture et la peinture

La domination des Gupta correspond à une période d’expansion culturelle et à "l’âge d’or" de l’art indien. Le statut des artistes change avec un système des castes moins rigide. Pour la première fois un artiste signe son œuvre à Mathura. Les foyers artistiques les plus actifs sont Mathura et Sarnath, deux écoles rivales qui développent chacune un style particulier. Ces ateliers de sculpture produisent aussi bien des images de divinités bouddhistes qu’hindoues. Les apports étrangers sont maintenant bien assimilés, et après une longue période de formation iconographique les caractéristiques des images divines sont codifiées dans les textes. C’est également à l’époque Gupta que nous devons quelques uns des plus anciens exemples de peinture indienne qui soient parvenus jusqu’à nous. Le plus grand nombre et les mieux conservés sont situés à Ajanta, dans un ensemble de vingt-neuf architectures rupestres.

b. La littérature

Au 5e siècle vécut le plus célèbre des poètes et dramaturges de l’époque Gupta, Kalidasa, considéré comme le plus illustre auteur classique de littérature sanskrite. On estime que son plus grand chef d’œuvre est une pièce dramatique : Shakuntala. Kalidasa est aussi connu pour avoir développé le style poétique du kavya, une forme de langage très sophistiqué, où il est fait un usage très abondant de figures métaphoriques. Le Meghaduta, un court poème de 111 strophes, raconte l’histoire d’un nuage chargé de porter les nouvelles d’un Yaksa à sa bien aimée. La description des paysages qu’il rencontre sur son chemin est chargée de la nostalgie et de l’émotion de l’amant esseulé.

Extraits du Meghaduta :

Ecoute maintenant, ô nuage, que je t'explique le chemin qu'il te convient de suivre ; tu prêteras ensuite à mon message ton oreille attentive. Je vais te dire les sommets où, brisé de fatigue, tu iras te poser, les rivières dont, amaigri, tu boiras l'eau légère. (…) Ta fatigue passée, poursuis ta route, arrosant dans les jardins, de tes gouttes d'eau nouvelle, les boutons en grappes des jasmins nés sur les bords de la Vananadi, répandant un instant ton ombre familière sur le visage des cueilleuses de fleur qui froissent et fanent, à essuyer la sueur de leurs joues, les lotus de leurs oreilles.

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