Du XIIIe au XVIIe siècle, avec un acmé à la Renaissance, l'Italie a dominé de façon indéniable le monde de l'art. A travers ces siècles qui semblent autant d'âges d'or, quelques noms brillent d'un éclat plus fort.
Peintre, architecte et sculpteur gothique originaire de Toscane, Giotto di Bondone (v. 1266-1337) est influencé par Cimabue, Arnolfo di Cambio et par les Pisano ; il rompt toutefois avec la tradition gréco-byzantine, tant par son traitement des personnages que des volumes et de l'espace. A partir de 1296, il travaille comme fresquiste dans la nef de la basilique supérieure d'Assise (vingt-huit tableaux de la Vie de saint François). A Padoue, il peint les trente-neuf fresques de la chapelle Scrovegni, illustrant les Vies de Joachim et Anne, de la Vierge et du Christ (v. 1305-1310). A Florence, il décore le chœur de l'église Santa Croce (Vie de saint François, v. 1320) et, en tant que maître architecte du duomo, en dessine le campanile (1334), mais meurt avant de l'achever.
Peintre, architecte et sculpteur toscan, théoricien de l'art, ingénieur civil et militaire, curieux de tous les domaines de connaissance de son temps, Léonard de Vinci (1452-1519) incarne comme nul autre l'esprit universel de la Renaissance. Elève de Verrocchio, il se fait tôt remarquer par une très belle Annonciation (v. 1473-1475).
Peintre, Léonard invente la technique du sfumato, qui adoucit les contours dans une buée indécise (Vierge aux rochers de 1483-1485 et de 1506-1508, Saint Jean Baptiste, v. 1513-1516). La Cène (1495-1497) de Santa Maria delle Gracie, à Milan, est un chef-d'oeuvre émouvant, figurant l'instant ineffable où les apôtres réagissent à l'annonce de la trahison de l'un d'entre eux. Ses portraits féminins, Portrait de Ginevra de' Benci (v. 1495), La Dame à l'hermine (1489-1490), « La Belle Ferronnière » (v. 1495) et bien sûr La Joconde (1503-1507), frappent par la mystérieuse intensité de leur présence.
L'ensemble de l'oeuvre de Vinci, y compris ses dessins, esquisses et études, ses peintures inachevées ou perdues, ses projets architecturaux ou sculpturaux même inaboutis, ont eu une influence déterminante sur l'art des siècles suivants.
Rival de Vinci, poète, peintre, architecte et sculpteur toscan, Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange (1475-1564), est initié au néoplatonisme dans l'entourage de Laurent le Magnifique. Son parcours artistique montre un homme déchiré entre vertige de la matière et idéalisme et qui, en proie à une inquiétude grandissante, tendra vers un détachement croissant vis-à-vis du monde.
Ainsi, son premier chef-d'oeuvre, la Pietà (1498-1499), apparaît comme une figure sereine, bien différente des pietà tourmentées de la fin de sa vie (Pietà rondanini, inachevée, 1564) ; son David (1501-1504), symbole de la jeune force de la République florentine, contraste de même avec les Esclaves torturés de 1513-1520.
A Rome, il travaille au tombeau du pape Jules II (1505, 1513) et surtout à la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine (1508-1512) sur le thème de la Genèse, dont les coloris préfigurent le maniérisme. En 1535 il revient à la Sixtine pour peindre le Jugement dernier (1536-1541), fresque puissante et sombre annonçant l'esprit et l'esthétique baroques. Architecte, il oeuvre de 1520 à 1534 à la chapelle funéraire des Médicis dans l'église San Lorenzo de Florence, et à la bibliothèque laurentienne (1524). Au Vatican, il prend en 1547 la direction des travaux de Saint-Pierre et modifie sensiblement la coupole dessinée par Bramante. A Rome, il mène à bien d'autres travaux d'architecture et d'urbanisme, notamment la place du Capitole.
Peintre et architecte originaire des Marches, Raphaël, de son vrai nom Raffaello Sanzio (1483-1520), est d'abord influencé par le Pérugin, puis découvre Léonard de Vinci et Michel-Ange lors d'un séjour à Florence (1504) et assimile brillamment leurs influences apparemment inconciliables. On trouve la délicatesse de Léonard dans ses madones (Madone del Prato, 1506, Madone au chardonneret, 1506, La Belle Jardinière, 1507), tandis que d'autres de ses œuvres sont visiblement marquées par la puissance de Michel-Ange (Isaïe, 1512, Les Sibylles, 1514).
En 1508, Jules II lui confie la décoration de ses appartements du Vatican : les Stanze, son chef-d'oeuvre, est un ensemble de fresques d'une grande maturité formelle. Il s'illustre aussi comme un fin portraitiste (Portrait de Maddalena Doni, 1506, Baldassare Castiglione, 1516). En 1514, il succède à Bramante comme architecte de Saint-Pierre. Mort jeune, il aura su faire la synthèse du meilleur de ses prédécesseurs pour créer une oeuvre classique d'une grâce toute singulière, qui lui vaut une postérité aussi vaste que durable.
Peintre d'origine lombarde, Michelangelo Merisi, dit Le Caravage (v. 1571-1610) se distingue par une esthétique farouchement à contre-courant de l'idéalisme de son temps. Etabli à Rome en 1589, le protégé du cardinal dal Monte trouve la pleine maîtrise de son langage pictural dès le cycle de saint Matthieu (Vocation de saint Matthieu, Martyre de saint Matthieu, Saint Matthieu et l'ange, 1599-1602) : le clair-obscur très contrasté accentue le relief des corps et des visages, leur réalisme cru, leur expressivité. Le peintre renforce encore cet effet de naturalisme sans concession par des compositions audacieuses mettant en exergue des détails jugés triviaux (Crucifixion de saint Pierre, Conversion de saint Paul, v. 1604, La Madone des pèlerins, 1605) ; son refus du sublime se manifeste aussi dans le choix de ses modèles, qu'il trouve parmi le bas peuple. Accusé de meurtre après un duel, il doit quitter Rome en 1606, fuit à Naples (où il laisse notamment Les Sept Œuvres de Miséricorde, 1607), à Malte (Décollation de saint Jean Baptiste, 1608), en Sicile (Résurrection de Lazare, 1609). Il influence fortement l'école napolitaine, et se trouve à l'origine du caravagisme, mouvement dont Artemisia Gentileschi est l'une des plus vibrantes représentantes.
Peintre, sculpteur et architecte originaire de Campanie, Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin (1598-1680), est formé par son père, lui-même peintre et sculpteur. Protégé par la famille Borghese, il se fait connaître par des sculptures d'inspiration mythologique, L'Enlèvement de Proserpine (1621-1622), Apollon et Daphné (1622-1624), et gagne les faveurs de plusieurs papes. D'une prodigieuse aisance technique, il parvient de façon remarquable à restituer dans la pierre les textures les plus évanescentes, mais montre surtout un éblouissant sens de l'expression et du mouvement. Outre bustes et portraits, statues de saints (Sainte Thérèse en extase, chapelle Cornaro, Sainte-Marie-de-la-Victoire, 1644-1657) et d'anges (Ponte Sant'Angelo), il s'adonne à la réalisation de structures complexes telles que chapelles, fontaines (Fontaine des Quatre Fleuves, piazza Navona, 1647-1651), tombeaux (Tombeau d'Urbain VIII, 1642-1648), où il peut faire montre de ses talents de scénographe et d'illusionniste en même temps que de son sens du faste et du grandiose. Architecte, il a conçu palais et églises (Saint-André-du-Quirinal, 1658-1670). On doit aussi à ce maître de la volute baroque l'imposant baldaquin de Saint-Pierre (1624-1633) ainsi que la colonnade qui ceint la place devant la basilique.