Varanasi (Bénarès) est situé sur les bords du Gange, un fleuve long de 2500 km, qui crée un bassin d’1 million de km². Il prend sa source dans l’Himalaya, à la frontière chinoise, et descend plein sud sur Delhi. Il infléchit ensuite son cours vers l’est jusqu’au golfe du Bengale, à la hauteur de Calcutta. Ce parcours forme la plaine gangétique du nord de l’Inde, élargie vers l’ouest par le bassin de l’Indus. Le Gange prend naissance à Gaumukh « la bouche de la vache ». Le torrent qui en sort est la branche principale du Gange : c’est la Bhaghirati. Elle se grossit d’autres affluents au fur et à mesure qu’elle descend vers la plaine. Les villages où elle les reçoit se termine tous par prayag, c’est-à-direlieu de sacrifice. En effet chacun de ces confluents est considéré comme un « terrain sacrificiel », doué d’une sainteté particulière. C’est à Haridvar que le fleuve entre dans la plaine et qu’il devient le Gange. Autour du fleuve s’effectue la pradakshina, ou circumambulation. On peut la faire autour de soi, pour vénérer l’atman. On considère que tout le bassin de Ganga est un vaste sanctuaire dont on peut faire le tour.

Le mot " Gange" n’est pas une traduction très heureuse du sanskrit, car c’est un terme masculin. Le sanskrit "ganga" est au contraire féminin, et c’est un élément important. Son étymologie nous est donnée par l’adjectif gam-ga = celle qui va sur la terre. Cela se réfère à la légende de son origine céleste. Il était un roi, nommé Sagara, qui décida de célébrer ses victoires sur ses ennemis par 99 ashvameda, rituel qui consistait à sacrifier un cheval. La règle est que si l’on parvient à en accomplir 100, on est automatiquement identifié au Dieu des Dieux, Indra. Devant la menace de voir sa puissance ébranlée, Indra prit peur. Il déroba le centième cheval de Sagara et le cacha dans la grotte de l’ascète Kapila. Sagara partit aussitôt à sa recherche, assisté de ses 60 000 fils. Lorsque tous firent irruption dans la grotte, ils trouvèrent Kapila en méditation. Furieux d’être dérangé, celui-ci, par son seul regard réduisit les intrus en cendres. Sagara, seul survivant, l’implore de ressusciter ses fils, mais Kapila répond qu’il n’a que le pouvoir de les envoyer au ciel, à une condition : que leurs cendres soient purifiées par les eaux de la Ganga, princesse divine résidant dans les cieux. Il faut donc obtenir d’elle qu’elle descende sur terre, chose peu aisée car la belle n’a pas bon caractère, et ne souhaite pas résider parmi les hommes. Sagara meurt sans parvenir à la convaincre. Sa descendance prend la relève, jusqu’à ce que Bhaghirata, grâce à ses ascèses et austérités, réussisse. Mais il existe encore un obstacle : l’impétuosité du fleuve, qui risque de tout détruire sur son passage. Pour contourner ce danger, Shiva recevra Ganga dans sa chevelure, ses boucles freineront la chute de l’eau et créeront autant de ramifications. Ainsi fut fait. L’image de Shiva recevant Ganga dans ses cheveux est fréquente ; le Dieu prend alors le nom de "Gangadhara".

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