Bâti sur une colline d’Inde centrale, le site de Sanchi offre un point de vue imprenable sur la somptueuse campagne alentours. A 8 km au nord-ouest on aperçoit Vidisha, la bourgade dont dépendait l’établissement bouddhique de Sanchi. Conformément aux prescriptions des textes bouddhiques, le site religieux ne se trouve ni trop proche, ni trop éloigné de la ville, propice à la méditation des moines et suffisamment accessible pour qu’ils puissent aller mendier leur repas quotidien. Mais Sanchi est également le site bouddhique le plus ancien et le mieux conservé en Inde. Autour de son stupa central, orné d’un foisonnement de bas-reliefs, s’ordonnent un grand nombre de monuments, monastères, temples, stupas, qui témoignent de 15 siècles d’occupation par les communautés bouddhistes. L’atmosphère paisible des lieux et la douceur de la lumière au lever ou au coucher du soleil invitent à prendre le temps de découvrir les richesses du premier art bouddhique. Monument bouddhique par excellence, le stupa peut être interprété de diverses manières : reliquaire, « image » architecturale du Bouddha, mémento visant à rappeler les principaux événements survenus au cours de son existence, symbole du mont primordial, le mont Meru. A Sanchi, l’érection du premier stupa en brique est datée du IIIe s. av. J.-C., à l’époque du règne de l’empereur Maurya Ashoka. La colonne en grès gravée d’une inscription, érigée à proximité du stupa, commémore ce stupa originel, qui pourrait être l’un des 84 000 stupas qu’Ashoka, fit, selon la légende, construire sur toute l’étendue de son empire.

Le grand stupa

Le grand stupa de Sanchi, tel qu’il apparaît aujourd’hui, est recouvert d’une enveloppe de pierre, marque d’une reconstruction du monument sous les Shunga, au IIe s. av. J.-C. Le décor architectural, essentiellement concentré sur les 4 portails, toranas, édifiés aux 4 points cardinaux, appartient à une troisième phase d’embellissement du monument, qui s’étend jusqu’au Ier s. de notre ère. Les quatre statues de Bouddha adossés au dôme furent ajoutées bien plus tardivement, au Ve s. L’immense richesse du monument se trouve dans les bas-reliefs des portails, qui racontent, sans jamais le représenter, le Bouddha, sa généalogie, son univers, sa doctrine, les épisodes de sa vie et en grande majorité, les récits de ses vies antérieures, les jatakas. Cet ensemble didactique, commandité par un grand nombre de donateurs qui ont gravé leurs noms, fonctionne comme un livre ouvert dont on s’imprègne progressivement en tournant rituellement autour du monument.

Le stupa des saints locaux

A la différence du grand stupa, où aucune relique ne fut retrouvée, le stupa n°2 de Sanchi, situé en contrebas sur la partie ouest de la colline conservait les reliques de 10 saints locaux. Cette commémoration est une manière de situer le site de Sanchi, éloigné de toute étape de la vie du Bouddha, dans la tradition bouddhiste locale. D’autres stupas et sites bouddhiques dans les alentours de Sanchi confirment l’installation d’une vaste communauté bouddhique dont Sanchi constituait le centre. Un des principaux intérêts du stupa n°2 est le décor de sa balustrade, antérieur à celui des toranas du grand stupa. Composé de motifs très simples, harmonieusement disposés dans des médaillons, ce décor n’est pas en soi spécifiquement bouddhique. Hormis quelques symboles bouddhiques ou scènes d’adoration à ces symboles, la majorité des thèmes appartiennent au répertoire floral, végétal ou animal. Ils appartiennent à un corpus de formes que les donateurs aimaient à voir orner les monuments saints. Le charme et la simplicité de ces motifs sont uniques dans l’art indien qui va progressivement développer une iconographie extrêmement codifiée. On aurait tort de se priver de cette visite et de ne pas poursuivre son chemin vers la partie basse de la colline où se trouve le musée du site. Ultime étape de Sanchi, ce musée abrite les principales sculptures de Bouddha ou de divinités bouddhiques issues de différentes périodes d’occupation du site. C’est aussi au musée que l’on pourra découvrir différents éléments de la gigantesque colonne d’Ashoka, la partie du fût gravée d’une inscription en brahmi et le couronnement, composé de quatre lions dos à dos.

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