La corne de rhinocéros a-t-elle des vertus médicinales ?

Chaque année un nombre considérable de rhinocéros sont tués par les braconniers pour leurs cornes. Les autorités de nombreux pays semblent rencontrer beaucoup de difficultés à contenir ce trafic dont la demande serait, d'après les observateurs, très souvent liée à l'utilisation de ce produit en médecine chinoise traditionnelle.

Quels sont les origines de cette utilisation de la corne de rhinocéros ?

Dès l'origine, ce produit fût considéré comme un remède de luxe. En effet le prix élevé de la corne de rhinocéros était lié à sa rareté.

La rareté peut-elle, à elle seule, expliquer l'intérêt pour la corne de rhinocéros jusqu'à aujourd'hui ?

Les propriétés accordées à la corne font appel au monde des symboles. En effet parmi ceux-ci on peut citer le fait évident d'associer la forme de la corne à un symbole de virilité. Mais il semble que le principal symbole est sa rareté lui attribuant de grandes qualités tout en le réservant à une élite. Dans nos sociétés occidentales, par le passé, certains produits étaient aussi réservés à une élite, par exemple les pilules pouvaient être recouvertes d’une mince feuille d’argent ou d’or suivant le pouvoir d’achat du patient (d’où l’expression dorer la pilule) afin d’en faciliter la prise ! Une autre partie du rhinocéros est également commercialisée : le bézoard (accumulation de substances étrangères calcifiées ou non dans l’estomac: pierre de fiel) prélevé dans l'estomac est aussi utilisé. Les bézoards étaient aussi recommandé au moyen âge en Europe comme antipoison. Ces propriétés ne sont pas prouvées et ne sont plus reconnues de nos jours.

D'autres espèces animales sont de la même façon chassées pour des raisons liées à la symbolique qui leur est associé dans le monde chinois: Le tigre est l'un des exemples les plus connu. Sa forme de consommation la plus répandu se fait à travers le "vin de tigre". A cet effet des tigres sont affamés et une fois l'animal décédé par privation de nourriture sa carcasse est laissée dans de l'alcool de riz pendant plusieurs mois. On peut s'interroger sur la vertu thérapeutique de ce produit en effet la mort par inanition peut provoquer l’accumulation de toxines. Sa vertu vient surtout de l’espoir qu’a le consommateur de s’approprier la force du tigre, son essence étant sensée être extraite par l’alcool de riz lors de la macération.

Tout comme le tigre, le lion est aussi recherché pour ses os qui sont broyés pour rentrer dans différentes préparations. Les os de lion ou de tigre ne sont pas différents dans leur composition des autres os du fait qu'ils sont tous formés de calcium (également présent dans les produits laitiers). La Chine utilisant les os d’autres animaux pour faire des "soupes d’os" par ébullition en présence de vinaigre comme source de calcium. Ici aussi la rareté de l’animal et la force associée en fait un remède pour des élites.

Un autre produit traditionnel est la bile d’ours. La bile est plus connue dans le monde animal sous le nom de fiel. C'est principalement sur les ours à colliers qu'est prélevée la bile utilisée à des fins prétendument médicinales. Ce produit était obtenu en sacrifiant les animaux, actuellement, à des fins de rendement afin de satisfaire la demande, il est obtenu en maintenant l'animal dans une cage et en le prélevant à l'aide d'un cathéter fixé dans la vésicule biliaire avec une ponction 2 fois par jour. Ces animaux immobilisés et ainsi ponctionnés sont dans des états sanitaires lamentables et présentent une souffrance physique et psychologique. Le prélèvement régulier et les conditions de celui-ci entraînent des infections du cathéter, de la vésicule biliaire et du foie de l’animal avec une cancérisation fréquente..Ceci entraîne la mort de l’animal dans de grandes souffrances au bout de 2 à 4 ans.

Même si ces pratiques s'appuient sur une tradition qui se revendique de la médecine traditionnelle chinoise, les instances médicales chinoises officielles les remettent en cause et ne les reconnaissent pas.

Sylvain Vassant