La mosquée Bibi-Khanum a probablement été, au moment de sa construction, la plus grande mosquée d'Asie centrale. “ Sa coupole eût été unique si le ciel ne l'avait répétée et unique aurait été son arc, si la voie lactée n'en eût été le modèle ”. De proportion incroyable - sa surface au sol était de 99 mètres sur 129 - elle fut édifiée en 5 ans de 1399 à 1404 pour l’épouse de Tamerlan Bibi-Khanum. C’est durant son érection que Tamerlan écrasa l’armée turque du sultan Bajazet (1402) et devînt pour le monde chrétien - les armées chrétiennes avaient été défaites six ans auparavant par ce même sultan lors de la bataille de Nicopolis - “ l’instrument choisi par Dieu pour venger les Chrétiens ”. Sur fond de panneaux d'onyx, une balustrade d'albâtre entoure la dalle funéraire taillée dans du jade de Khotan. Nous sommes à l’intérieur du Gur Emir, splendide mausolée coiffée d’une double coupole godronnée recouverte de céramiques bleu turquoise où s’inscrit le nom du prophète selon la technique hazarbaf, du mot persan “ mille tissages ”, dessin en relief né de l’agencement de briques d’argile et vernissées. (L’or bleu de Samarcande, Art International Publishers, 1997). Timur est inhumé au pied de son maître spirituel soufi Baraké. Le Royaume ne lui survécut pas… Sur la place du Registan ou “ place du sable ”, nom lié aux dépôts de sable engendrés par le canal d’irrigation qui traverse cette place centrale de la ville, se dressent les madrasas Ulugh Beg, Tilla Qari et Shir Dor construites respectivement au XVe et XVIIe siècles pour les deux dernières. Institution supérieure d'enseignement juridico-religieux, la madrasa (voir encadré) d'Ulugh Beg fut la référence universitaire d'Asie centrale au XVe s. “ Eclairer son esprit est le devoir de chaque musulman et de chaque musulmane ” répétait Ulugh Beg, petits-fils de Timur et savant astronome. Un lieu d'enseignement scientifique au carrefour des routes de la soie et des chemins de la foi, qui attirait d'illustres professeurs comme le mathématicien Al-Kachi. Dans les cours intérieures visibles au travers des moucharabiehs, se trouvait le khanaqa : le couvent des derviches, les adeptes de la mystique musulmane, agrémenté de jardins pour épanouir la réflexion. Sœur jumelle de la madrasa d'Ulugh beg, Shir Dor, la “ madrasa aux lions ” (appelée ainsi à cause de son décor : un tigre poursuivant une biche blanche derrière un disque solaire) fut construite deux siècles plus tard - entre 1619 et 1636 - par Yalangtush beg.

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