L’hindouisme ou le brahmanisme classique, religion dominante de l’Inde actuelle, pratiquée par 850 millions de fidèles, s’est constituée aux approches de l’ère chrétienne. L’hindouisme se définit d’abord comme un élargissement de l’horizon religieux. C’est l’accès au culte de couches plus populaires, même si la suprématie de la caste des brahmanes demeure théoriquement entière. Plus qu’une religion, c’est une organisation totale de la société et de la pensée. L’hindouisme est, au final, d’avantage une façon de vivre qu’une religion organisée qu’il est préférable de cerner par ses idées et ses pratiques.

La bhakti ou la dévotion au quotidien

Toute la pensée indienne repose sur la foi en un système de corrélation qui unit le macrocosme et le microcosme : les hindous reconnaissent en effet l’existence d’un Absolu, Être Suprême indéfinissable qu’ils nomment Brahman, et s’emploient leur vie durant à être capable de rejoindre au moment ultime afin de jouir d’une béatitude unique et divine que seul l’affranchissement de la chaîne des réincarnations autorise. C’est à travers ses actions quotidiennes que l’hindou peut tenter de se rapprocher de Dieu, et tout un ensemble de méthodes ont été élaborées afin de le rendre plus accessible au dévot. Celle qui est certainement la plus prisée de nos jours est bhakti, terme que l’on peut traduire par dévotion. Bhakti est devenu l’un des courants majeurs de l’hindouisme en s’appuyant sur l’idée que Dieu, dépassant toutes les facultés de perception, le mieux est de le chercher au plus secret du cœur, en l’imaginant avec ses qualités et attributs afin de le ramener à notre niveau de conscience et d’en faire un compagnon familier. C’est ainsi que les hindous envisagent Dieu sous une multitude d’aspects différents, propres à exprimer ses différentes manifestations à l’œuvre dans la Création. A chacun de ces aspects, l’hindouisme a donné un nom, une personnification, des symboles et une fonction. Cependant il y a une sorte de hiérarchie des manifestations, car l’activité divine s’affirme surtout selon trois modes : la création, la préservation et la destruction. A ces trois rôles correspondent les trois aspects majeurs de Dieu, nommés Brahma, Vishnou et Shiva. Ils forment ce que l’on appelle la trimurti.

La trinité hindoue

Brahma est le Dieu Créateur de l’hindouisme. Conçu comme l’équilibre causal, la coordination des contraires qui est à l’origine de toute nature, il est assimilé à la Révélation des Vedas. Inspirateur de savoir, il a pour épouse Sarasvati, femme gracieuse et blanche, maîtresse des arts de l’éloquence. Brahma est traditionnellement représenté sous l’aspect d’un homme sage à quatre têtes barbues. Comme les autres dieux de la trimurti, il possède une monture, animal sur lequel il se déplace. Celui de Brahma est une oie, nommée Hamsa.

Vishnou incarne lui la force de cohésion qui maintient l’unité de la Création. Parce qu’il représente la tendance préservatrice, protectrice, il se trouve lié à des notions telle que la prospérité, la royauté, et se place au centre de toute vie sociale organisée. L’iconographie classique nous le montre debout, muni de ses quatre attributs majeurs : la conque, le disque, la massue et l’arc. Sa parèdre est Lakshmi, "la millionnaire", protectrice des biens du foyer, et sa monture est Garuda, être invincible, mi-homme, mi-oiseau et plus rapide que l’éclair.

Lorsque la vie humaine est privée de sa raison d’être, que les hommes ont perdu les formes du savoir essentielles à leur destinée, Vishnou est contraint de rendre cette connaissance à nouveau accessible et une nouvelle Révélation a lieu. Pour cela Vishnou s’incarne ponctuellement parmi les hommes, sur terre, à travers un corps vivant appelé avatara. L’histoire de la présente Création est rythmée par 10 "avatars" de Vishnou : le poisson, Matsya ; la tortue, Kurma ; le sanglier, Varaha ; l’homme-lion, Narasimha ; le nain, Vamana ; le prince Rama à la hache ; le prince Rama le Charmant ; le dieu Krishna ; le sage Bouddha ; le chevalier Kalkin.

Shiva est la troisième entité de la trinité. A la fin d’un cycle, c’est-à-dire lorsqu’un univers touche à sa fin, affaibli par tout un ensemble de calamités, de nuisances et de malheurs, Dieu doit manifester son énergie de destruction afin d’y mettre un terme et de permettre l’émergence d’un nouveau monde. Le postulat est que toute activité se dissout à la fin des temps et que, de cette désintégration, l’existence peut renaître à nouveau. C’est ce principe de dissolution, d’annihilation, qu’est Shiva. Il est ainsi l’aspect certainement le plus abstrait de la pensée religieuse indienne. Seul Shiva demeure à la fin et au commencement, symbole de destruction comme de génération. C’est pourquoi l’iconographie traditionnelle va lui attribuer deux formes, l’une paisible et l’autre violente et courroucée.

Les représentations les plus courantes de Shiva

Un aspect anthropomorphique : le Dieu est debout et statique ; son caractère ascétique est clairement manifesté par sa coiffure en chignon et par les peaux de bête dont il est vêtu ; l’attribut qui l’identifie aisément est le trident, et il tient par ailleurs des armes variées - hache, arc, etc.- signalant sa puissance sur les forces démoniaques. Un aspect phallique nommé lingam : Shiva est extrêmement vénéré sous la forme d’une pierre plus ou moins conique, "phallus" qui symbolise l’exceptionnel pouvoir de création du Dieu. Un aspect de Shiva "dansant" que les hindous appellent Nataraja : le Dieu évolue au centre d’un cercle de feu afin de mettre en œuvre ses énergies de destruction et de création. Un aspect anthropomorphique terrible nommé "Bhairava" : c’est l’aspect destructeur qui est ici adoré, Shiva incarnant le Temps en quoi tout se résorbe ultimement. La monture de Shiva est le taureau Nandi, symbole des instincts luxurieux que le Dieu domine, et sa compagne est Parvati, "la fille de la montagne". Elle incarne l’énergie sans laquelle le potentiel du Dieu demeure passif.

Les autres divinités

La plupart des dieux védiques survivent dans l’hindouisme, notamment Indra, dieu de la foudre, dont la légende se ramifie encore. Plusieurs sont organisés en Lokapala, "régents du monde", qui personnifient la vieille notion des directions de l’espace. Mais l’hindouisme se manifeste également par une multiplication des divinités féminines. Epouses des dieux, elles animent l’idée de la shakti, "force" divine, qui dès les Védas, donnaient l’impulsion aux dieux mâles. Lakshmi ou Sri, "la beauté", "la fortune" est l’épouse de Vishnou, figurée sur un lotus, accompagnée d’un couple d’éléphants. L’épouse de Shiva a autant de noms que d’apparences aimables ou féroces adaptés à chaque situation : Durga, Kali, Parvati, Gauri…

De nouveaux personnages apparaissent

Kubera, dieu des richesses, Kama, dieu de l’amour, Skanda ou Kumara, fils de Shiva et Parvati, patron de la guerre, Ganesha, autre fils de Shiva et Parvati, le dieu à tête d’éléphant si populaire, seigneur des troupes, des obstacles, guide des entreprises littéraires.

Enfin il faut compter les catégories de divinités secondaires, regroupées par types

Les Nagas, qui combinent avec le monde souterrain des serpents l’image des dieux locaux anthropomorphes, les Yakshas, forces de la végétation, porteurs de savoirs occultes, les Rakshas, démons, les Gandharvas, musiciens célestes d’origine védique et leurs épouses, les Apsaras.

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